Patrice Chéreau à l'œuvre
Exposition virtuelle
Chronologie
Par Julien Centrès
Patrice Chéreau
1944–1965
Né en 1944, à Lézigné, dans le Maine-et-Loire, Patrice Chéreau intègre le Groupe théâtral du Lycée Louis-le-Grand, à Paris, en 1959. Sur scène, il se cantonne à des rôles de figuration. En répétitions, il règle la chorégraphie des scènes de duel. C'est là qu'il rencontre Jean-Pierre Vincent, les acteurs et les techniciens qui le suivront à Sartrouville et parfois même plus loin, à l'instar du costumier Jacques Schmidt.
En 1964, Chéreau réalise sa première mise en scène, L'Intervention, de Victor Hugo, puis, l'année suivante, Fuente Ovejuna, de Lope de Vega et L'Héritier de village, de Marivaux, qu'il présente dans les festivals de théâtre universitaire. Un prix, remporté à la Semaine du théâtre étudiant d’Erlangen, en RFA, le fait connaître.
1966–1969
Les membres du Groupe théâtral amateur se constituent en compagnie Vincent-Chéreau.
En 1966, la troupe est invitée par Bernard Sobel à travailler à Gennevilliers pour l'élaboration de son premier festival. Chéreau réalise les décors de Cœur ardent d’Ostrovsky, monté par Sobel, et prépare avec Jean-Pierre Vincent la mise en scène de L'Affaire de la rue de Lourcine, une comédie musicale adaptée du texte de Labiche.
À la fin de l'année, la troupe s'installe à Sartrouville, où elle transforme la salle des fêtes Gérard Philippe en théâtre permanent. Elle s'engage à faire œuvre de création théâtrale tout en menant de front une animation culturelle, militante, auprès des écoles, des comités d'entreprise et, plus largement, du « non-public ».
Cette ambition est remise en cause par les événements de Mai 68. La mise en scène du Prix de la Révolte au marché noir, de Dimitri Dimitriadis, décrit les contradictions d'un théâtre chargé de porter la contestation dans la classe ouvrière. En mars 1969, après la création de Dom Juan, Chéreau, accablé de dettes, remet sa démission de directeur et quitte Sartrouville.
1969–1972
Hormis la mise en scène de Richard II au théâtre du Gymnase de Marseille, puis à l'Odéon, début 1970, Chéreau travaille essentiellement en Italie.
En 1969, il est invité à monter son premier opéra, L'Italienne à Alger, au Festival des Deux Mondes de Spolète. Plusieurs compagnons de route rencontrés au lycée Louis-le-Grand (Jacques Schmidt) et à Sartrouville (Yves Bernard, André Diot, Richard Peduzzi…) accompagnent l’artiste et le suivent aussi au Piccolo Teatro de Milan, pour créer trois pièces – Splendeur et mort de Joaquin Murieta, de Pablo Neruda (1970-71), Toller de Tankred Dorst (1970-71) et Lulu de Frank Wedekind (1972) –, puis monter un nouveau spectacle au festival de Spolète : La Finta Serva de Marivaux (1972).
1972–1976
L'année 1972 marque le retour en France de Patrice Chéreau et son arrivée à la codirection du nouveau Théâtre National Populaire, décentralisé à Villeurbanne. L’artiste monte Massacre à Paris de Marlowe, première représentation de la Saint-Barthélemy, habitée par les massacres d'octobre 1961 et de ceux, quelques mois plus tard, du métro Charonne – dont il fut témoin.
En 1973, la première saison du nouveau TNP s’ouvre avec une nouvelle mise en scène de Toller, suivie de La Dispute de Marivaux. L’année suivante, Chéreau monte son second opéra, Les Contes d'Hoffmann. Il s'initie également à l'audiovisuel. Après la réalisation d’une courte fiction télévisée, Le Compagnon, il adapte au cinéma le roman de James Hadley Chase, La Chair de l'orchidée. Parallèlement, au TNP, il crée Lear, d'Eward Bond, avant de reprendre La Dispute de Marivaux.
1976–1981
En 1976, à l’invitation de Pierre Boulez, Chéreau monte La Tétralogie de Richard Wagner au festival de Bayreuth, pour le centenaire de l’œuvre lyrique. La mise en scène rompt avec l'imagerie traditionnellement attachée au Ring. L'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des dieux, très critiqués la première année sont ovationnés en 1980.
Une collaboration de longue durée s’établit avec Pierre Boulez et les deux hommes préparent ensemble Lulu d'Alban Berg en 1979. L'année précédente, Chéreau fait de Simone Signoret, la directrice d’un grand quotidien régional dans le film Judith Therpauve.
En 1981, il revient au TNP pour une dernière mise en scène à sa démesure, Peer Gynt, un spectacle de huit heures, pendant lesquelles un unique comédien, Gérard Desarthe, passe de la jeunesse au grand âge.
1982–1990
En 1982, Patrice Chéreau et Catherine Tasca sont nommés à la direction du Théâtre des Amandiers, à Nanterre, un lieu de création artistique conçu pour mieux intégrer le théâtre dans la cité, avec son restaurant, son studio de cinéma mais aussi son école d’acteurs dirigée par Pierre Romans.
En 1983, Patrice Chéreau crée Les Paravents de Jean Genet. Il découvre l'œuvre de Bernard-Marie Koltès, mettant successivement en scène Combat de nègre et de chiens, Quai Ouest, Dans la solitude des champs de coton et Le Retour au désert.
Il revient à l'opéra en 1984, avec Lucio Silla de Mozart.
En 1985, il met en scène La Fausse suivante de Marivaux et Quartett, d'Heiner Müller.
En 1987, quatre ans après L'Homme blessé, Chéreau réalise le film Hôtel de France avec les élèves-comédiens et monte avec eux la pièce Platonov de Tchekhov.
Également acteur, Chéreau incarne Camille Desmoulins dans le Danton d’Andrzej Wajda et Napoléon dans le film de Youssef Chahine Adieu Bonaparte.
La création d'Hamlet de Shakespeare, au festival d'Avignon de 1988, et la tournée européenne du spectacle referment la période.
1990–2003
Après sa démission du théâtre Nanterre-Amandiers, Chéreau s’attelle à des projets cinématographiques ambitieux. S’il ne parvient à mener à bien qu’une réalisation historique — la coproduction internationale La Reine Margot (1989-1994) — sur les quatre envisagées, il tourne une œuvre chorale, Ceux qui m'aiment prendront le train (1998) et deux films intimistes : Intimité (2001) et Son Frère (2003).
Ces années sont également marquées par les opéras : Wozzeck (1992), monté à Paris et Berlin, puis Don Giovanni (1994) conçu pour le festival de Salzbourg. Chéreau n'abandonne pas pour autant le théâtre. Alternant répertoire classique et contemporain, il met en scène Le Temps et la Chambre de Botho Strauss (1991) et des fragments d’Henry VI et de Richard III de Shakespeare ; il reprend Dans la Solitude des champs de coton et prépare Phèdre de Racine (2003).
2003–2013
Dans cette dernière décennie, Chéreau s'essaie à une nouvelle forme d’expression, la lecture : Le Mausolée des Amants (2005) d’Hervé Guibert, Les Carnets du sous-sol (2005) et Le Grand Inquisiteur (2006) de Fiodor Dostoïevski, Coma (2009) de Pierre Guyotat et Les Cahiers (2012) de Vaslav Nijinski. Avec Thierry Thieû Niang, il met en espace Dominique Blanc qui dira le texte La Douleur de Marguerite Duras.
C'est également le temps de la transmission. Après la réalisation de ses deux derniers films, Gabrielle (2005) et Persécution (2009), Chéreau est, fin 2010, le « Grand invité » du Musée du Louvre. L’occasion lui est donnée de réunir tous les arts : la peinture avec Les Visages et les Corps, la danse avec la Carte blanche à Thierry Thieu Niang, l’opéra avec Waltraud Meier chantant Wagner, le théâtre, avec le texte de Koltès La Nuit juste avant les forêts et deux pièces de Jon Fosse, Rêve d'automne et I am the Wind. Après avoir monté Cosi fan tutte (2005), Chéreau conçoit aussi ses trois opéras les plus épurés : De la Maison des morts (2007) Tristan und Isolde (2007) et Elektra (2013).
Œuvres
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Les mises en scènes de théâtre
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Les mises en scènes lyriques
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Les productions cinématographiques et télévisuelles
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Les lectures
1964
L’Intervention [Victor Hugo]
1965
Fuente Ovejuna [Lope de Vega]
L’Héritier de village [Marivaux]
1966
L’Affaire de la rue de Lourcine [d’après Eugène Labiche]
1967
Les Soldats [Jacob Michael Reinhold Lenz]
La Neige a milieu de l’été / Le Voleur de femmes [Kuan-Han Ching]
Acteur dans Trotsky de Jacques Kébadian
1968
Le Prix de la révolte au marché noir [Dimitri Dimitriadis]
1969
Dom Juan [Molière]
L’Italienne à Alger [Gioacchino Rossini]
1970
Richard II [William Shakespeare]
Splendeur et mort de Joaquin Murieta [Pablo Neruda]
Toller [Tankred Dorst]
1971
La Finta Serva [Pierre de Marivaux]
1972
Lulu [Frank Wedekind]
Le Massacre à Paris [Christopher Marlowe]
1973
Le Compagnon
Toller [Tankred Dorst] (nouvelle mise en scène)
La Dispute [Pierre de Marivaux]
1974
Les Contes d’Hoffmann [Jacques Offenbach] (reprises jusqu’en 1980)
1975
Lear [Edward Bond]
1976
La Dispute [Pierre de Marivaux] (2e version)
1976-1980
L'Anneau du Nibelung [Richard Wagner]
1977
Loin d’Hagondange [Jean-Paul Wenzel]
Figurant dans le film Violanta de Daniel Schmid (source : Renato Berta et Jean-Marie Charuau, Photogrammes, Paris, Grasset, 2021, p. 145)
1978
1979
Lulu [Alban Berg]
1980
Acteur dans L’Histoire du Soldat [Igor Stravinsky] sous la direction de Pierre Boulez
1981
Peer Gynt [Henrik Ibsen]
1983
Acteur dans Danton d’Andrezj Wajda
Combat de nègre et de chiens [Benrard-Marie Koltès]
Les Paravents [Jean Genet]
1984-1985
Lucio Silla [W. A. Mozart]
1985
La Fausse Suivante [Pierre de Marivaux]
Quartett [Heiner Müller]
Acteur dans Adieu Bonaparte de Youssef Chahine
1986
Quai ouest [Bernard-Marie Koltès]
1987
Publicité pour la bière allemande Spaten
Dans la solitude des champs de coton [Bernard-Marie Koltès]
Platonov [Anton Tchekhov]
1988
Hamlet [William Shakespeare]
Le Retour au désert [Bernard-Marie Koltès]
1991
Contre l’oubli, film collectif réalisé par Chantal Akerman, Patrice Chéreau et Philippe Muyl
Le Temps et la Chambre / Le Temps et la Chambre (TV) [Botho Strauss]
1992
Wozzeck [Alban Berg]
Acteur dans Le Dernier des Mohicans, de Michael Mann
1994
Acteur dans le court-métrage Bête de scène, réalisé par Bertrand Nissille
Don Giovanni [W. A. Mozart]
1995
Dans la solitude des champs de coton [Bernard-Marie Koltès]
1997
Acteur dans Lucie Aubrac de Claude Berri
1998
Ceux qui m’aiment prendront le train
Publicité pour Groupama
Henry VI / Richard III (fragments, interprétés par les élèves CNSAD) [William Shakespeare]
1999
Acteur dans Le Temps retrouvé, film réalisé par Raoul Ruiz
Campagne de prévention télévisuelle contre le Sida en trois messages publicitaires : Après divorce / Insouciant / Coup de foudre
2001
2002
Acteur dans Au plus près du paradis, film réalisé par Tonie Marshall
2003
Acteur dans Le Temps du loup, film réalisé par Michael Haneke
Phèdre [Jean Racine]
2005
Cosi fan tutte [W. A. Mozart]
Lecture des Carnets du sous-sol d’après Le Sous-Sol de Fiodor Dostoïevski
Lecture du Mausolée des amants d’Hervé Guibert, avec Philippe Calvario
2006
Lecture du Grand Inquisiteur, chapitre des Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski
2007
De la maison des morts [Leoš Janáček]
Tristan und Isolde [Richard Wagner]
2007-2008
La Douleur [Marguerite Duras] (mise en scène avec Thierry Thieû Niang)
2009
Lecture de Coma de Pierre Guyotat, sous la direction de Thierry Thieû Niang
2010
Lecteur dans la création radiophonique Lola Valérie Stein, composée par Olivier Steiner [d’après Marguerite Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein]
Carte blanche du Louvre (Paris) donnée à Patrice Chéreau : Exposition Les Visages et les corps
In der Kindheit frühen Tagen [d’après les Wesendonck Lieder de Richard Wagner]
La Nuit juste avant les forêts [Bernard-Marie Koltès] (mise en scène avec Thierry Thieû Niang)
Rêve d’automne [Jon Fosse]
2011
I am the Wind [Jon Fosse] (mise en scène avec Thierry Thieû Niang)
2012
Lecture dans ...Du Printemps ! [d’après le Sacre du Printemps et les Cahiers de Nijinsky] Mise en scène de Thierry Thieû Niang et de Jean-Pierre Moulères.
2013
Elektra [Richard Strauss]